Population des frelons asiatiques en France : à quoi peut ressembler l’année 2026 ?
Arrivé discrètement en France au début des années 2000, le frelon asiatique s’est imposé en quelques années comme l’un des principaux nuisibles pour les abeilles et la biodiversité. Chaque été, les témoignages d’apiculteurs, de particuliers et de collectivités se multiplient : nids géants accrochés dans les arbres, ruchers assiégés, interventions d’urgence près des habitations…
Alors que les données nationales s’affinent progressivement, une question revient souvent : à quoi ressemblera la population de frelons asiatiques en France en 2026 ? On ne dispose pas d’un chiffre officiel exact – et il n’en existera probablement jamais – mais les tendances observées ces dernières années permettent d’esquisser des ordres de grandeur et des scénarios crédibles.
1. D’où part-on ? Bilan 2020–2024
1.1 Une espèce désormais présente dans (presque) toute la France
Le frelon asiatique (Vespa velutina) est aujourd’hui signalé dans la quasi-totalité des départements de France métropolitaine. Après une colonisation progressive depuis le Sud-Ouest, il s’est installé durablement sur le littoral atlantique, en Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Bretagne, Normandie, puis dans le Nord, l’Est et l’Île-de-France. Autrement dit, au moment d’aborder l’horizon 2026, le territoire est quasiment entièrement colonisé.
1.2 Nombre de nids déclarés : une explosion entre 2023 et 2024
Depuis quelques années, plusieurs plateformes de signalement (dont la plateforme nationale dédiée aux frelons asiatiques et divers réseaux régionaux) collectent les déclarations de nids confirmés. Ces chiffres ne reflètent pas la totalité des nids existants – loin de là – mais ils donnent une idée de la dynamique.
Au niveau national, les données consolidées montrent par exemple qu’entre les saisons 2023 et 2024, le nombre de nids de frelons asiatiques déclarés a augmenté d’environ 78 %, passant d’environ 7 500 nids signalés à plus de 13 000 nids confirmés sur la plateforme nationale. Cette hausse spectaculaire confirme que la courbe est toujours ascendante, même dans les zones colonisées depuis plusieurs années.
1.3 Estimation globale : plusieurs centaines de milliers de nids
Les chercheurs et structures spécialisées insistent toutefois sur un point : les nids déclarés ne représentent qu’une fraction du total réel. De nombreux nids restent invisibles (cimes des arbres, zones peu habitées, bâtiments inaccessibles) ou ne sont jamais signalés.
En croisant données de terrain, cartographies et modèles écologiques, certaines estimations avancent qu’en 2024, la France pourrait compter de l’ordre de 500 000 nids de frelons asiatiques, toutes régions confondues. Ce chiffre n’a rien d’officiel, mais il donne un ordre de grandeur : la population est déjà massive et bien installée.
| Année | Nids déclarés (plateforme nationale) | Estimation large des nids réels* |
|---|---|---|
| 2023 | ≈ 7 500 nids | plusieurs centaines de milliers |
| 2024 | ≈ 13 000 nids | ≈ 500 000 nids (ordre de grandeur) |
*Les estimations des nids réels sont basées sur des extrapolations et doivent être prises comme des ordres de grandeur, pas comme des valeurs exactes.
2. Parler de « population de frelons », ça veut dire quoi ?
2.1 Nids, individus, reines : plusieurs niveaux de lecture
Quand on parle de population de frelons asiatiques, on mélange souvent plusieurs notions :
- le nombre de nids présents sur le territoire ;
- le nombre d’individus par nid (ouvrières, mâles, futures reines) ;
- le nombre de reines fondatrices produites chaque année, qui conditionne la population de l’année suivante.
Un nid mature de frelons asiatiques peut abriter, selon les conditions (météo, ressources, emplacement), 1 000 à 3 000 individus en même temps, voire davantage dans les cas extrêmes. Sur l’ensemble de la saison, on estime qu’un seul nid peut produire jusqu’à plusieurs milliers de frelons, dont des centaines de futures reines.
2.2 Des milliards d’individus sur une saison
Si l’on combine ces ordres de grandeur, la population globale devient vertigineuse :
- en prenant une estimation moyenne de 2 000 frelons par nid en pic de saison,
- et un ordre de grandeur de 500 000 nids sur le territoire,
on arrive facilement à plusieurs milliards d’individus sur une saison complète. Bien sûr, tous ces frelons ne sont pas actifs au même moment, mais cela illustre l’ampleur du phénomène et la pression potentielle sur les abeilles et les autres insectes.
3. Tendances récentes : ce que nous disent les années 2023–2025
3.1 Une croissance encore forte, mais pas uniforme
Les données régionales montrent que la dynamique n’est pas la même partout. Dans les zones où le frelon asiatique est installé depuis longtemps, la croissance du nombre de nids semble parfois se stabiliser ou progresser plus lentement. En revanche, dans les départements en cours de colonisation, les chiffres explosent avec des augmentations de +70 % à +170 % d’une année sur l’autre.
On observe ainsi une France à plusieurs vitesses :
- Régions anciennement colonisées (Sud-Ouest, façade atlantique) où la pression est déjà forte et durable.
- Régions en cours de colonisation (certaines zones de montagne, nord-est, zones urbaines denses) où les nids se multiplient rapidement.
- ZONES récemment touchées, notamment en altitude ou sur certains territoires encore partiellement préservés, qui voient l’arrivée du frelon.
3.2 Un premier vrai état des lieux national attendu
Jusqu’ici, il n’existait pas d’estimation officielle et exhaustive du nombre de nids de frelons asiatiques à l’échelle de la France. Une enquête nationale menée auprès des apiculteurs et des acteurs de terrain doit permettre d’affiner ce diagnostic. Les résultats complets devraient servir de base à partir de 2025–2026 pour disposer, enfin, d’une vision plus précise de la population de frelons asiatiques en France.
4. 2026 : à quoi peut ressembler la population de frelons asiatiques ?
Important : ce qui suit n’est pas une « prédiction officielle » mais une projection raisonnable basée sur les tendances observées. L’objectif est d’aider à comprendre l’ordre de grandeur et les enjeux, pas de fournir un chiffre exact.
4.1 Scénario bas : stabilisation progressive
Dans un premier scénario, on imagine que les efforts de lutte (destruction plus systématique des nids, piégeage raisonné de printemps, meilleure information du public) commencent réellement à freiner la progression. Le climat reste proche de la moyenne et les nouvelles zones colonisées sont limitées.
Dans ce cas, on pourrait voir :
- une croissance faible du nombre de nids, de l’ordre de +5 à +10 % par an ;
- soit, en 2026, un ordre de grandeur autour de 550 000 à 600 000 nids sur le territoire ;
- avec une pression forte mais relativement stable sur les ruchers et les écosystèmes.
4.2 Scénario médian : poursuite de la dynamique actuelle
Si l’on prolonge simplement la tendance observée entre 2023 et 2024, tout en tenant compte d’un léger ralentissement lié à la saturation de certaines zones, on peut envisager un scénario médian où :
- le nombre de nids continue d’augmenter de +15 à +20 % par an ;
- ce qui porterait, en 2026, l’ordre de grandeur à 650 000 – 700 000 nids ;
- et une population totale de frelons sur la saison se comptant en plusieurs dizaines de milliards d’individus cumulés.
4.3 Scénario haut : climat favorable et lutte insuffisante
Enfin, dans un scénario défavorable, des hivers doux et des printemps précoces favorisent la survie des reines et l’installation des nids primaires. La destruction reste partielle (manque de budgets, de professionnels, de coordination).
On pourrait alors voir :
- des croissances locales de +30 % ou plus dans certains départements encore en phase d’expansion ;
- un total national qui dépasse potentiellement 700 000 à 800 000 nids à l’horizon 2026 ;
- une pression très importante sur les ruchers, les pollinisateurs sauvages et les services de désinsectisation.
Dans tous les cas, même le scénario bas correspond déjà à une population très élevée. L’enjeu majeur pour 2026 n’est donc pas d’empêcher totalement le frelon asiatique d’être présent (ce qui n’est plus réaliste), mais de limiter son impact.
5. Répartition géographique probable de la population en 2026
En 2026, la carte du frelon asiatique en France devrait ressembler à celle d’une espèce banale au sens géographique du terme : présente presque partout, avec des densités particulièrement fortes dans certaines régions.
- Sud-Ouest, façade atlantique, vallées fluviales : densités élevées, présence quasi systématique de nids chaque année.
- Régions viticoles, arboricoles et apicoles : pression forte sur les abeilles et pollinisateurs, conflits fréquents avec les activités humaines.
- Zones urbaines et périurbaines : nombreux nids dans les parcs, jardins, haies, toitures, ce qui augmente les risques pour le public.
- Zones de montagne et territoires tardivement colonisés : progression toujours en cours, avec des hausses parfois très rapides.
Cette répartition n’est pas figée : elle dépendra des conditions climatiques, des efforts de lutte locaux et de la qualité des réseaux de signalement.
6. Conséquences d’une population élevée en 2026
6.1 Impact sur les abeilles et l’apiculture
Une population de frelons asiatiques aussi importante signifie que les ruchers resteront fortement exposés. Dans les zones très touchées, certains apiculteurs perdent déjà une part importante de leurs colonies chaque année, entre la prédation directe et le stress induit.
En 2026, si rien ne change, on peut s’attendre à :
- une hausse des coûts pour protéger les ruches (équipements, piégeage, interventions) ;
- des pertes de ruches récurrentes dans les zones les plus infestées ;
- une pression accrue sur les pollinisateurs sauvages, déjà fragilisés par d’autres facteurs (pesticides, perte d’habitat, climat).
6.2 Coût économique pour les collectivités et les particuliers
La destruction des nids de frelons asiatiques représente un budget croissant pour les communes, départements et particuliers. Avec une population encore en hausse en 2026, ces coûts devraient continuer à augmenter : interventions spécialisées, sécurisation d’écoles, de parcs, de bâtiments publics, gestion des plaintes des riverains, etc.
7. Comment se préparer à 2026 ? Pistes d’action
Face à une population de frelons asiatiques en France qui restera élevée en 2026, l’enjeu n’est plus d’espérer un retour en arrière, mais de mieux s’organiser.
- Renforcer le signalement des nids (plateformes en ligne, applications, réseaux locaux) pour intervenir plus tôt.
- Structurer des réseaux de professionnels formés, capables d’intervenir rapidement et en sécurité.
- Aider les apiculteurs à protéger leurs ruchers (aides matérielles, informations pratiques, accompagnement technique).
- Informer le grand public sur les bons réflexes : ne pas détruire un nid soi-même, ne pas utiliser de méthodes dangereuses, apprendre à reconnaître l’espèce et à la signaler.
- Expérimenter des stratégies de lutte intégrée (piégeage raisonné, destruction ciblée des nids primaires, recherche scientifique).
Plus la France développera une approche coordonnée, plus il sera possible de contenir l’impact de cette population massive de frelons asiatiques sur les abeilles, l’environnement et notre quotidien.
Conclusion
En 2026, la population de frelons asiatiques en France devrait rester très élevée : plusieurs centaines de milliers de nids, des milliards d’individus sur la saison, une présence quasi généralisée sur le territoire. Les apiculteurs, les collectivités et les citoyens auront donc plus que jamais besoin d’outils de signalement efficaces, de professionnels compétents et de bonnes pratiques partagées.
Si ces chiffres peuvent paraître décourageants, ils ne sont pas une fatalité : chaque nid repéré tôt, chaque rucher mieux protégé, chaque geste responsable contribue à réduire l’impact de cette espèce invasive. L’année 2026 sera un test important : celui de notre capacité collective à organiser la lutte, plutôt que de subir la prolifération.